Bercé par le frémissement de l’orge froissé par la brise, un jeune Hastane jouait tranquillement devant la baraque de bois où sa mère préparait le diner. Son père était partie en Citria plutôt ce matin là, avec une mule et une partie des récoltes de la saison. Le soleil n’avait pas encore atteint son zénith que l’Horizon commençait déjà à s’obscurcir. Le gamin plissa les yeux, tentant de discerner la masse noire se profilant à l’horizon. Sans succès. La porte lâcha un grincement fatigué, au moment même où la mère de l’enfant sortie pour lui annoncer le dîner. Le bambin se redressa, laissant derrière lui tous ses jouets de bois à l’exception faites de son épée en papier mâché. Il ne put s’empêcher de fixer l’horizon, la masse sombre s’approchant sans cesse, s’enfonçant plus encore à l’intérieur des terres. Sa mère le rappela à l’ordre à nouveau, l’enfant s’exécuta aussitôt ; il était préférable d’écouter sa maman si on ne veut pas être privé de dessert.
[…]
Il faisait nuit. Néanmoins, il lui était impossible de trouver le sommeil. Les ombres dansaient moqueusement autour du gamin ne lui laissant aucun répit. Il sortit donc de son lit, effrayé, marchant péniblement jusqu’à la petite chambre dans laquelle ses parents s’abandonnent à Morphé. Vide, tout comme la salle qui servait de cuisine. Ses parents l’avaient abandonné, pensait-il. L’enfant sortit de la maison à la recherche de ses parents disparus, en vain. Il ne vit qu’un brasier d’une extrême vigueur à l’horizon. Citria était perdue ainsi que tout espoir de revoir ses parents.
[…]
Il passa des heures, voir des jours à chercher des réponses, à retrouver ses parents. Bientôt la déshydratation imminente le coinça sur place, cible facile pour n’importe quel prédateur. Mais la bête qui vint le quérir n’avait rien d’un loup ou d’une Hyène, il s’agissait bel et bien d’un collecteur d’âmes infortunées.
Si le destin de l’enfant n’était pas de grandir parmi les vivants, ce sera à travers la non-vie qu’il se découvrira lui-même.