[BG] Dyze

Dymytrius était considéré par ses clients naïf comme un marchand de grand chemin, un Hastane incompris, porté par ses ambitions exagérés. Les autres, quand à eux, le considéraient plutôt comme un charlatan avare, vendant ses quelques fioles dilués de potions bon marché a qui le voulait bien, leur promettant ainsi une repousse de cheveux, l'amour d'un autre ou même la vie éternelle. Sans doute aurais-il du laisser libre cour à son esprit paresseux se jour là, lui évitant ainsi de tomber dans l'œil d'un ancien client mécontent séjournant également dans l'auberge.


Le malchanceux avait hérité de la chambre voisine d'Ulgor, l'un de ses nombreux clients frustrés par les effets trop subtils de ses fameux élixirs. Toute la matinée durant, le Gorlak le suivait tout en s'assurant de rester hors de sa vue. C'est quelques heures plus tard, lors des douze coup de midi que le charlatan quitta le village, sous les coups de fouet qu'il assénait à ses cheveux pour faire péniblement avancer sa calèche désuète. Le fracas provoqué par les fioles s'entrechoquant dans sa seul possession, la calèche modifiée, à l'abri des voleurs disait-il, camouflait le galop déterminé du cheval le poursuivant. Accroché à celui-ci se trouvait ce qui deviendrais bientôt son assassin, Ulgor.


À peine l'avait-il rattrapé qu'il était solidement accroché sur le moyen de transport de Dymytrius, les doigts enroulés contre son manche d'épée, pointant le cou du futur sacrifié. Le futur bourreau lui fit alors emprunter de force un chemin peu fréquenter, sous la menace de lui éviscérer la gorge sous ses supplications incessantes. Arrivé à ce qui deviendrais le tombeau de Dymytrius, le ravisseur lui asséna un coup de poing d'une force fulgurante, sans doute animée par la haine qu'il éprouvait envers son prisonnier. Totalement sonné par le coup, il ne se rendit même pas compte, à son réveil que plusieurs heures avaient passés.

Durant cet interminable sieste forcée, le Gorlak l'avait solidement attaché contre un arbre, tout prêt d'un petit lac, s'assurant par contre de garder le marchand indemne de tout autre blessure hormis celle qu'il avait déjà. C'est au moment de son réveil que son calvaire commença réellement. Le bourreau débuta sa vengeance avec les tortures les plus connues, continuant avec les moins connues puis laissant libre cour à ce qu'il considérait comme de la fantaisie pour la troisième partie.

Plus la séance agençait, plus Dymytrius semblait s'accommoder de la douleur, laissant même faire croire au Gorlak qu'il appréciait celle-ci. À la vue d'un sourire lors de la suppression d'un énième lambeau de chair, il le détacha pour lentement faire sombrer sa victime dans l'inconscience éternelle. Déposant sa tête un temps prédéterminé dans l'eau à répétition jusqu'à sa mort. L'assassin semblait en tirer plus de plaisir que la première séance de torture, arrachant, contrairement a la première fois, des cris d'épouvante a sa victime.


Puis, quand le silence revint dans ce qui était maintenant un tombeau liquide, le corps s'enfonça dans l'eau d'où fut repêcher, des années plus tard, le nouveau Mortan, maintenant nommé Dyze.


Sans doute garderait-il une peur bleue de l'eau dans cette nouvelle vie. Sans doute finirait-il également par apprivoiser la douleur.. voir, l'apprécier.